L’ablation des amygdales, ou amygdalectomie, est une intervention chirurgicale courante, particulièrement chez l’enfant, mais aussi pratiquée chez l’adulte. Elle consiste à retirer tout ou partie des amygdales palatines, situées de part et d’autre du fond de la gorge. Bien que cette opération soit souvent considérée comme bénigne, elle n’est pas dénuée de risques et doit être envisagée selon des critères médicaux précis.
Rôle des amygdales
Les amygdales sont des organes lymphoïdes faisant partie du système immunitaire. Elles jouent un rôle dans la défense de l’organisme, en particulier durant l’enfance, en participant à la reconnaissance des agents pathogènes inhalés ou ingérés. On parle souvent de l’anneau de Waldeyer, qui comprend plusieurs structures : amygdales palatines, pharyngée (végétations), linguale et tubaires.
Avec l’âge, les amygdales perdent leur activité immunitaire et peuvent devenir le siège d’infections chroniques ou de troubles obstructifs.
Indications de l’amygdalectomie
L’amygdalectomie est indiquée dans plusieurs situations cliniques. Les principales sont :
1. Amygdalites à répétition
- Si l’enfant ou l’adulte souffre de plus de 5 à 7 épisodes d’amygdalite par an pendant 2 années consécutives, en dépit d’un traitement médical bien conduit, l’indication chirurgicale peut être posée.
- Les épisodes doivent être bien documentés (fièvre, exsudat, adénopathie, test streptococcique positif).
2. Amygdalite chronique
- Inflammation persistante des amygdales avec mauvaise haleine, caséum (débris blanchâtres), gêne pharyngée chronique.
3. Abcès péri-amygdalien
- Un abcès péri-amygdalien, complication grave d’une angine, peut nécessiter une amygdalectomie en urgence ou à distance de l’épisode.
4. Syndrome d’apnée du sommeil (SAOS)
- Chez l’enfant, des amygdales très volumineuses peuvent obstruer les voies respiratoires supérieures pendant le sommeil, entraînant des pauses respiratoires (apnées), des ronflements, un sommeil agité, voire des troubles de la croissance et de l’attention.
- Dans ce cas, une amygdalectomie associée à une adénoïdectomie (ablation des végétations) est souvent recommandée.
5. Autres indications
- Suspicion de tumeur amygdalienne, surtout chez l’adulte.
- Troubles de la déglutition ou de la phonation liés à des amygdales trop grosses.
- Complications locales (dysphagie, otites récidivantes, etc.).
Types d’amygdalectomie
Il existe deux types principaux d’interventions :
1. Amygdalectomie totale
- Retrait complet des amygdales.
- Plus radicale, elle est indiquée en cas d’amygdalites récidivantes ou d’abcès.
2. Amygdalectomie partielle (tonsillotomie)
- Réduction du volume des amygdales, en particulier chez l’enfant présentant un SAOS.
- Moins douloureuse, elle préserve une partie du tissu amygdalien.
Le choix de la technique dépend de l’indication, de l’âge, et du contexte clinique.
Déroulement de l’intervention
Avant l’opération
- Une consultation préopératoire est réalisée avec l’ORL et l’anesthésiste.
- Un bilan sanguin peut être demandé (coagulation notamment).
- L’intervention se fait à jeun et sous anesthésie générale.
Pendant l’intervention
- L’amygdalectomie dure en moyenne 20 à 30 minutes.
- Elle se fait par voie buccale, sans incision externe.
- Différentes techniques peuvent être utilisées : dissection froide, électrocoagulation, laser, radiofréquence, coblation.
Après l’opération
- L’hospitalisation est souvent ambulatoire chez l’enfant (sortie le jour même) ou d’une nuit.
- Une surveillance post-opératoire est nécessaire, en particulier dans les premières heures pour détecter les saignements.
Suites opératoires
1. Douleur
- La douleur est importante les premiers jours, notamment lors de la déglutition. Elle peut irradier vers les oreilles (otalgie réflexe).
- Des antalgiques adaptés (paracétamol, anti-inflammatoires) sont prescrits.
2. Alimentation
- Il est recommandé de maintenir une alimentation molle, tiède, non irritante.
- Boire suffisamment est crucial pour éviter la déshydratation.
3. Repos
- Un repos à domicile de 7 à 10 jours est conseillé.
- L’activité physique et l’exposition au soleil ou à la chaleur sont à éviter temporairement.
4. Cicatrisation
- Un dépôt blanchâtre (fibrine) se forme au niveau des loges amygdaliennes : il ne s’agit pas d’une infection mais du processus normal de cicatrisation.
Complications possibles
Bien que généralement bénigne, l’amygdalectomie n’est pas dénuée de risques.
1. Hémorragie
- C’est la complication la plus redoutée. Elle peut survenir :
- Précocement (dans les 24 premières heures) : urgence absolue.
- Tardivement (vers le 7e-10e jour) : lors de la chute des croûtes cicatricielles.
- Un saignement buccal, même minime, doit conduire à consulter rapidement.
2. Douleur persistante
- Chez certains adultes, la douleur peut durer plus de deux semaines.
3. Troubles de la voix ou de la déglutition
- Rarement, des modifications de la voix (voix nasonnée) ou des troubles transitoires de la déglutition peuvent apparaître.
4. Infection
- Rare grâce aux précautions antiseptiques.
Bénéfices attendus
Lorsque bien indiquée, l’amygdalectomie offre des bénéfices significatifs :
- Diminution ou disparition des infections récidivantes.
- Amélioration du sommeil et de la respiration chez l’enfant.
- Réduction des complications infectieuses (abcès, otites).
- Amélioration de la qualité de vie, du comportement et de la concentration.
Faut-il craindre une baisse d’immunité ?
C’est une question fréquente. Les études montrent que l’ablation des amygdales n’entraîne pas de déficit immunitaire significatif. D’autres tissus lymphoïdes prennent le relais. Chez les enfants très jeunes (< 3 ans), l’indication doit cependant être plus prudente.
Conclusion
L’amygdalectomie est une chirurgie ancienne, mais toujours d’actualité. Elle peut significativement améliorer la santé et la qualité de vie des patients dans les cas bien sélectionnés. Comme toute intervention, elle nécessite une évaluation rigoureuse, une information claire du patient ou des parents, et un suivi post-opératoire attentif. Grâce aux progrès de l’anesthésie, des techniques opératoires et de la prise en charge de la douleur, cette opération est aujourd’hui sûre et bien maîtrisée.